L'une de nos auteures, Marie St-Vaast, en compagnie de son amie Amélie Nothomb

 

Le faux du vrai : Quand l’alchimie rencontre le polar normand

septembre 20, 2024

 

 

Un nouveau mystère pour le commissaire Berger

Dans “Le faux du vrai”, Iris Rivaldi nous plonge une fois de plus dans l’univers captivant du commissaire Paul Berger, surnommé affectueusement “Le Grogneux”. Ce roman, paru aux Éditions L’Écharpe d’Iris en 2024, marque le retour attendu de ce personnage emblématique, désormais retraité mais toujours aussi perspicace.

L’histoire débute dans la paisible ville de Touy, où le quotidien du commissaire Berger et de son épouse Émilie est soudainement bouleversé par un incendie mystérieux. La maison de leurs voisins, les Lecoin, est réduite en cendres, emportant avec elle trois vies et laissant derrière elle de nombreuses questions sans réponses. Ce qui aurait pu passer pour un simple accident prend rapidement une tournure plus sinistre, attirant l’attention de notre duo d’enquêteurs.

Rivaldi excelle dans l’art de tisser une intrigue complexe dès les premières pages. Elle introduit habilement des éléments intrigants : un laboratoire alchimique caché dans une cave, des réunions nocturnes mystérieuses, et une communauté de voisins aux comportements étranges. Ces détails, savamment distillés, créent une atmosphère de suspense et de mystère qui happe immédiatement le lecteur.

Le roman ne se contente pas d’être un simple polar. L’auteure y incorpore des éléments fantastiques et ésotériques, notamment à travers le personnage de Lucie, la grand-mère d’Émilie, une chamane aux pouvoirs intrigants. Cette dimension surnaturelle, incarnée par la présence menaçante d’une entité appelée “le Styx”, ajoute une profondeur supplémentaire à l’intrigue, brouillant les frontières entre réalité et mystère.

“Le faux du vrai” s’inscrit dans la continuité des aventures du commissaire Berger, tout en apportant un souffle nouveau à la série. Rivaldi réussit le pari de renouveler son personnage principal, le plaçant dans une position inédite : celle d’un expert retraité collaborant avec la nouvelle équipe en place. Cette dynamique offre un angle original pour explorer les thèmes récurrents de la série, tels que la quête de vérité et la confrontation entre le rationnel et l’irrationnel.

Dès le début, le roman pose les bases d’une enquête multifacette qui promet de tenir en haleine le lecteur. Entre les suspects potentiels, les secrets de voisinage, et les phénomènes inexpliqués, Rivaldi tisse une toile complexe qui ne demande qu’à être démêlée. Cette introduction alléchante laisse présager une aventure riche en rebondissements, où le commissaire Berger devra une fois de plus faire preuve de toute sa sagacité pour distinguer le vrai du faux.

Disponible aux Éditons L’Écharpe d’Iris

Les personnages principaux : Un trio d’enquêteurs hors du commun

Au cœur de “Le faux du vrai”, Iris Rivaldi met en scène un trio d’enquêteurs aussi atypique qu’attachant. Le commissaire Paul Berger, figure centrale de la série, est un homme d’expérience dont la retraite n’a en rien émoussé les talents d’investigation. Surnommé “Le Grogneux”, il incarne une forme de sagesse policière mâtinée d’un caractère bien trempé. Dans ce nouvel opus, Rivaldi parvient à renouveler son personnage en le plaçant dans une position inédite : celle d’un expert externe collaborant avec la police active. Cette évolution permet d’explorer de nouvelles facettes de sa personnalité, notamment sa capacité à s’adapter et à remettre en question ses méthodes face à des défis inédits.

Aux côtés de Berger, Émilie, son épouse, s’affirme comme un pilier essentiel de l’enquête. Loin d’être une simple figurante, elle apporte une dimension intuitive et parfois mystique à leur approche des mystères. Rivaldi développe avec finesse la dynamique du couple, montrant comment leur complicité personnelle nourrit leur efficacité professionnelle. Émilie, avec sa sensibilité aux phénomènes inexpliqués et sa capacité à percevoir ce qui échappe au regard ordinaire, offre un contrepoint fascinant à l’approche plus cartésienne de son mari.

Le trio est complété par Lucie, la grand-mère d’Émilie, un personnage qui ajoute une profondeur inattendue à l’histoire. Chamane expérimentée, Lucie apporte une dimension surnaturelle qui élève le récit au-delà du simple polar. Ses connaissances en matière d’occultisme et sa connexion avec le monde des esprits ouvrent des perspectives d’enquête inédites. Rivaldi utilise habilement ce personnage pour explorer les frontières entre le rationnel et l’irrationnel, créant ainsi une tension narrative captivante.

La force de ce trio réside dans la complémentarité de leurs approches. Berger, avec son expérience policière et son pragmatisme, fournit le socle solide de l’enquête. Émilie, grâce à son intuition et sa sensibilité aux énergies subtiles, permet de percevoir des indices qui échappent aux méthodes traditionnelles. Lucie, quant à elle, apporte une perspective ancestrale et mystique qui élargit le champ des possibles dans la résolution de l’énigme.

Rivaldi excelle dans l’art de faire évoluer ces personnages au fil de l’histoire. Leurs interactions, empreintes d’affection, de respect mutuel, mais aussi parfois de désaccords, donnent vie à une dynamique de groupe crédible et attachante. L’auteure parvient à équilibrer leurs rôles respectifs, permettant à chacun de briller à des moments clés de l’intrigue.

Ce trio d’enquêteurs hors du commun constitue sans doute l’un des atouts majeurs de “Le faux du vrai”. Leur synergie unique permet à Rivaldi d’explorer des pistes narratives originales, mêlant habilement enquête policière classique, intuition féminine et mysticisme. C’est à travers leurs yeux et leurs perceptions diverses que le lecteur est invité à démêler les fils d’une intrigue complexe, où le visible et l’invisible s’entremêlent constamment.

 
L’intrigue alchimique : Entre science occulte et crime passionnel

Dans “Le faux du vrai”, Iris Rivaldi tisse une intrigue fascinante qui mêle habilement les mystères de l’alchimie à une enquête criminelle classique. L’histoire s’articule autour de l’incendie de la maison des Lecoin, qui révèle l’existence d’un laboratoire alchimique secret dans leur cave. Cette découverte devient le point de départ d’une enquête complexe, où science occulte et passions humaines s’entrechoquent.

L’auteure plonge ses lecteurs dans l’univers énigmatique de l’alchimie, présentant cette discipline ancestrale non pas comme une simple quête de la pierre philosophale, mais comme une recherche plus profonde de connaissance et de transformation personnelle. À travers les recherches des Lecoin et de leurs associés, Rivaldi explore les thèmes de la transmutation, non seulement des métaux, mais aussi des âmes. Cette dimension ésotérique ajoute une couche de mystère et de profondeur à l’intrigue, invitant le lecteur à réfléchir sur les motivations cachées des personnages.

Parallèlement à cette trame alchimique, l’auteure développe une histoire de crime passionnel. La mort d’Emma Langevin, une figure clé dans les recherches alchimiques, vient complexifier l’enquête. Rivaldi entrelace habilement les fils de l’alchimie et du meurtre, créant un puzzle narratif où chaque élément semble à la fois lié aux pratiques occultes et aux passions humaines les plus basiques. Cette dualité entre le mystique et le terrestre maintient une tension constante tout au long du récit.

L’intrigue se développe comme une spirale, chaque révélation en entraînant une autre. Les soupçons se portent tour à tour sur différents personnages, chacun ayant ses propres secrets et motivations liés à l’alchimie ou à des désirs plus terrestres. Rivaldi excelle dans l’art de semer des indices et des fausses pistes, gardant le lecteur en haleine jusqu’aux dernières pages.

Un des aspects les plus intéressants de l’intrigue est la manière dont Rivaldi utilise l’alchimie comme métaphore des transformations personnelles des personnages. Chaque protagoniste, qu’il soit suspect ou enquêteur, semble subir sa propre transmutation au cours de l’histoire. Cette dimension psychologique ajoute de la profondeur à l’enquête, transformant ce qui aurait pu être un simple polar en une réflexion sur la nature humaine et ses contradictions.

L’auteure parvient également à intégrer des éléments surnaturels, notamment à travers le personnage du Styx, une entité mystérieuse qui semble influencer les événements. Cette présence occulte ajoute une dimension supplémentaire à l’intrigue, brouillant encore davantage les frontières entre le rationnel et l’irrationnel.

En fin de compte, “Le faux du vrai” se révèle être bien plus qu’une simple enquête sur un incendie et un meurtre. C’est une exploration des mystères de l’alchimie, des passions humaines, et de la quête de vérité dans un monde où les apparences sont souvent trompeuses. Rivaldi réussit le tour de force de maintenir un équilibre parfait entre ces différents aspects, créant une intrigue riche, complexe et profondément satisfaisante.

Le cadre et l’atmosphère : Une petite ville normande sous tension

Dans “Le faux du vrai”, Iris Rivaldi plonge ses lecteurs au cœur de Touy, une petite ville normande qui devient le théâtre d’événements troublants. L’auteure excelle dans l’art de créer une atmosphère à la fois familière et inquiétante, transformant ce qui pourrait n’être qu’un décor banal en un personnage à part entière de son récit.

Dès les premières pages, Rivaldi dresse le portrait d’une communauté en apparence tranquille, où chacun connaît son voisin et où la routine semble immuable. Les rues paisibles, les jardins soigneusement entretenus et les façades des maisons typiques de la région normande forment un cadre idyllique qui contraste vivement avec les événements sinistres qui vont s’y dérouler. Cette juxtaposition entre la quiétude apparente et le chaos qui couve en sous-sol crée une tension palpable qui ne cesse de croître au fil du roman.

L’auteure utilise habilement les éléments naturels pour renforcer l’atmosphère de son récit. Les brumes matinales qui enveloppent la ville, les averses soudaines typiques de la région, et les nuits étouffantes d’été deviennent autant de métaphores des secrets et des tensions qui agitent la communauté. Ces détails météorologiques, loin d’être de simples ornements, participent pleinement à l’ambiance oppressante qui se dégage du récit.

La maison incendiée des Lecoin devient rapidement le point focal de l’intrigue, un symbole tangible du mal qui ronge la ville. Rivaldi décrit avec précision les ruines calcinées, les odeurs de fumée qui persistent, créant un sentiment de malaise qui imprègne l’ensemble du quartier. Cette scène de désolation au cœur d’un environnement autrement paisible sert de rappel constant de la fragilité de l’ordre établi.

Au-delà du cadre physique, Rivaldi excelle dans la description de l’atmosphère sociale de Touy. Elle dépeint une communauté où les apparences sont trompeuses, où chaque sourire poli peut cacher des intentions moins avouables. Les réunions de voisinage, les commérages au coin des rues, et les regards en coin deviennent autant d’éléments qui alimentent la paranoïa grandissante. L’auteure capture avec justesse cette tension sous-jacente, cette méfiance qui s’installe peu à peu entre les habitants.

Un élément particulièrement réussi dans la construction de l’atmosphère est la manière dont Rivaldi intègre les éléments surnaturels à ce cadre a priori ordinaire. Les rumeurs de pratiques occultes, les phénomènes inexpliqués, et la présence mystérieuse du Styx créent une dimension supplémentaire, transformant Touy en un lieu où le rationnel et l’irrationnel se côtoient, augmentant encore le sentiment d’insécurité et de mystère.

La tension qui règne dans la ville est également reflétée dans les descriptions des intérieurs des maisons. Rivaldi utilise ces espaces clos pour révéler la psychologie de ses personnages, montrant comment l’angoisse collective s’infiltre jusque dans les foyers. Les rideaux tirés, les portes verrouillées à double tour, et les conversations à voix basse deviennent autant de signes d’une communauté sur le qui-vive.

En somme, Touy devient sous la plume de Rivaldi bien plus qu’un simple décor. Cette petite ville normande, avec ses rues étroites, ses jardins secrets, et ses habitants aux multiples facettes, incarne parfaitement l’idée que derrière la façade la plus ordinaire peuvent se cacher les mystères les plus profonds. L’auteure réussit à créer un microcosme captivant, un creuset où les tensions humaines et les forces occultes s’entremêlent pour former une atmosphère unique, à la fois familière et profondément inquiétante.

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Thèmes et symbolisme : La quête de vérité face aux apparences

Dans “Le faux du vrai”, Iris Rivaldi explore avec finesse une gamme de thèmes profonds, centrés autour de la quête de vérité dans un monde où les apparences sont souvent trompeuses. L’auteure tisse habilement une trame narrative où chaque élément, chaque personnage, devient porteur d’un symbolisme riche et complexe.

Au cœur du roman se trouve le thème de la dualité entre le vrai et le faux, reflété dans le titre même de l’ouvrage. Rivaldi interroge constamment la nature de la réalité, remettant en question les certitudes apparentes de ses personnages et, par extension, celles du lecteur. Cette exploration se manifeste non seulement dans l’enquête policière, mais aussi dans les relations interpersonnelles et les quêtes personnelles des protagonistes. L’alchimie, omniprésente dans le récit, devient une métaphore puissante de cette recherche de vérité, symbolisant la transformation nécessaire pour passer de l’illusion à la connaissance véritable.

Le symbolisme de la transmutation, emprunté à l’alchimie, s’étend au-delà du domaine matériel pour englober la transformation spirituelle et psychologique des personnages. Le commissaire Berger, Émilie, et même les suspects, subissent tous une forme de métamorphose au cours de l’histoire. Cette évolution personnelle est symbolisée par les différentes étapes alchimiques – la nigredo (œuvre au noir), l’albedo (œuvre au blanc), et la rubedo (œuvre au rouge) – qui trouvent leur écho dans les épreuves traversées par les protagonistes.

L’opposition entre science et mystique, rationnel et irrationnel, est un autre thème central du roman. Rivaldi utilise cette dichotomie pour explorer les limites de la compréhension humaine et la nécessité parfois d’embrasser l’inexplicable pour atteindre la vérité. Le personnage du Styx, entité mystérieuse et menaçante, incarne cette tension entre le monde visible et invisible, rappelant constamment que la réalité dépasse souvent notre perception immédiate.

Le feu, élément central de l’intrigue avec l’incendie de la maison des Lecoin, revêt une symbolique multiple. Il représente à la fois la destruction et la purification, la fin d’un cycle et le début d’un autre. Cette dualité du feu fait écho à la nature ambivalente de la vérité elle-même, capable de détruire les illusions tout en illuminant le chemin vers la connaissance.

Rivaldi aborde également le thème de la communauté et de ses secrets. La petite ville de Touy devient un microcosme où chaque habitant porte un masque, cachant ses véritables intentions derrière une façade de normalité. Ce jeu des apparences sociales symbolise la difficulté de discerner le vrai du faux dans les relations humaines et souligne l’importance de regarder au-delà des premières impressions.

Le livre explore aussi le concept de l’héritage, tant matériel que spirituel. Les connaissances alchimiques transmises à travers les générations, les secrets de famille, et même les traumatismes hérités deviennent des symboles de la manière dont le passé influence le présent, façonnant notre perception de la réalité et notre quête de vérité.

Enfin, Rivaldi utilise le symbolisme des quatre éléments – terre, air, feu et eau – pour structurer son récit et approfondir ses thèmes. Chaque élément est associé à différents aspects de l’enquête et des personnages, créant un réseau complexe de significations qui enrichit la lecture et invite à une réflexion plus profonde sur la nature de la réalité et de la vérité.

À travers ces thèmes et symboles entrelacés, “Le faux du vrai” transcende le simple polar pour devenir une méditation sur la nature de la vérité et la complexité de l’expérience humaine. Rivaldi invite ses lecteurs à regarder au-delà des apparences, à questionner leurs certitudes, et à embrasser la transformation nécessaire pour atteindre une compréhension plus profonde du monde qui les entoure.

Style narratif et structure : Un polar teinté de fantastique

Dans “Le faux du vrai”, Iris Rivaldi déploie un style narratif unique qui mêle habilement les codes du polar traditionnel à des éléments fantastiques, créant ainsi une œuvre qui transcende les frontières du genre. Son écriture fluide et évocatrice plonge le lecteur dans un univers où le réel et l’imaginaire s’entremêlent constamment, brouillant les lignes entre le rationnel et l’irrationnel.

La structure du roman est construite comme un puzzle complexe, où chaque chapitre apporte une nouvelle pièce à l’énigme globale. Rivaldi alterne savamment entre différents points de vue, offrant au lecteur une vision kaléidoscopique de l’intrigue. Cette technique narrative permet non seulement de maintenir le suspense, mais aussi d’approfondir la psychologie des personnages, révélant leurs motivations cachées et leurs conflits intérieurs.

L’auteure excelle dans l’art de créer une atmosphère envoûtante. Ses descriptions détaillées et sensorielles transportent le lecteur au cœur de Touy, faisant de cette petite ville normande un personnage à part entière. Les ambiances brumeuses, les odeurs de terre humide, et les sons étouffés contribuent à créer un décor propice au mystère et à l’étrange, préparant le terrain pour l’introduction d’éléments fantastiques.

Le style de Rivaldi se caractérise par un équilibre subtil entre dialogue et narration. Les conversations, souvent teintées d’humour noir et de réparties acerbes, apportent du rythme au récit tout en révélant les tensions sous-jacentes entre les personnages. Ces échanges sont contrebalancés par des passages plus contemplatifs, où l’auteure explore les pensées intimes de ses protagonistes, notamment celles du commissaire Berger, offrant ainsi une profondeur psychologique rarement atteinte dans le genre policier.

L’intégration d’éléments fantastiques dans la trame narrative est réalisée avec une grande finesse. Plutôt que de les présenter comme des faits avérés, Rivaldi les introduit subtilement, laissant planer le doute sur leur réalité. Cette approche crée une tension constante entre le rationnel et l’irrationnel, reflétant la lutte intérieure du commissaire Berger qui tente de réconcilier son pragmatisme avec les phénomènes inexpliqués qu’il rencontre.

La structure temporelle du roman est également remarquable. Rivaldi joue habilement avec la chronologie, utilisant des flashbacks et des anticipations pour révéler progressivement les secrets du passé et leurs implications dans le présent. Cette non-linéarité temporelle ajoute une couche de complexité à l’intrigue, tout en reflétant la nature fragmentée et subjective de la mémoire et de la perception.

Un autre aspect notable du style de Rivaldi est son utilisation du symbolisme alchimique comme fil conducteur narratif. Les différentes étapes de l’œuvre alchimique – la nigredo, l’albedo, et la rubedo – sont subtilement reflétées dans la structure du roman, marquant les étapes de l’enquête et l’évolution psychologique des personnages. Cette utilisation du symbolisme ajoute une profondeur thématique à l’œuvre, invitant à une lecture plus analytique et réflexive.

Enfin, la conclusion du roman est un tour de force narratif. Rivaldi parvient à résoudre l’énigme centrale tout en laissant certaines questions ouvertes, notamment celles liées aux aspects surnaturels de l’histoire. Cette fin, à la fois satisfaisante et intrigante, reflète la complexité de la réalité où toutes les réponses ne sont pas toujours accessibles, laissant au lecteur matière à réflexion bien après avoir refermé le livre.

Pour finir, le style narratif et la structure de “Le faux du vrai” témoignent de la maîtrise de Rivaldi dans l’art de raconter des histoires. En fusionnant les éléments du polar classique avec des touches de fantastique et une profondeur psychologique rare, elle crée une œuvre riche et multidimensionnelle qui repousse les limites du genre et offre une expérience de lecture captivante et intellectuellement stimulante.

Analyse des atouts et des faiblesses de l’œuvre

“Le faux du vrai” d’Iris Rivaldi se distingue par plusieurs points forts qui en font une œuvre remarquable dans le paysage littéraire contemporain. L’un des atouts majeurs du roman réside dans sa capacité à fusionner habilement les genres. Rivaldi parvient à créer un équilibre délicat entre polar classique et éléments fantastiques, offrant ainsi une lecture qui satisfait à la fois les amateurs d’enquêtes policières et ceux en quête d’une touche de mystère surnaturel. Cette hybridation des genres apporte une fraîcheur bienvenue au récit et permet à l’auteure d’explorer des thèmes complexes sous un angle original.

La profondeur psychologique des personnages constitue un autre point fort indéniable de l’œuvre. Rivaldi excelle dans l’art de créer des protagonistes nuancés et crédibles, en particulier le commissaire Berger, dont l’évolution tout au long du récit est finement dépeinte. Les personnages secondaires, loin d’être de simples faire-valoir, sont également dotés d’une complexité qui enrichit l’intrigue et ajoute de la profondeur à l’univers du roman.

L’atmosphère envoûtante que Rivaldi parvient à créer est un élément clé du succès de “Le faux du vrai”. La description vivante et évocatrice de la petite ville normande de Touy, avec ses secrets et ses tensions sous-jacentes, plonge le lecteur dans un monde à la fois familier et inquiétant. Cette ambiance, savamment construite, contribue grandement à l’immersion du lecteur dans l’histoire.

La structure narrative du roman, avec ses multiples points de vue et sa chronologie non linéaire, est à la fois un point fort et un défi. D’un côté, elle offre une perspective riche et variée sur les événements, permettant une exploration approfondie de l’intrigue et des motivations des personnages. De l’autre, elle peut parfois sembler complexe, exigeant une attention soutenue de la part du lecteur pour suivre tous les fils de l’histoire.

L’utilisation du symbolisme alchimique comme trame de fond ajoute une dimension intellectuelle stimulante au récit. Cependant, cet aspect pourrait être perçu comme une faiblesse par certains lecteurs moins familiers avec ces concepts, risquant de les laisser parfois perplexes face à certaines références ou analogies.

Un point qui pourrait être considéré comme une faiblesse par certains est le rythme du roman. Bien que la narration soit généralement fluide, il y a des moments où le récit semble ralentir, en particulier lors des passages plus contemplatifs ou des explorations détaillées des théories alchimiques. Ces moments, bien qu’enrichissants sur le plan thématique, peuvent parfois freiner la progression de l’intrigue principale.

La résolution de l’énigme, bien que globalement satisfaisante, laisse certaines questions en suspens, notamment concernant les aspects surnaturels de l’histoire. Si cette ouverture peut être vue comme une force, invitant à la réflexion et à l’interprétation, elle pourrait frustrer les lecteurs en quête de réponses plus définitives.

Enfin, la richesse des thèmes abordés – la dualité entre vérité et apparence, la transformation personnelle, le poids du passé – est incontestablement un point fort du roman. Cependant, la multiplicité de ces thèmes peut parfois sembler overwhelming, risquant de diluer le fil conducteur principal de l’histoire.

En résumé, “Le faux du vrai” se révèle être une œuvre ambitieuse et largement réussie. Ses points forts – la fusion des genres, la profondeur des personnages, l’atmosphère captivante – l’emportent nettement sur ses faiblesses potentielles. Rivaldi démontre une maîtrise indéniable de son art, créant un roman qui non seulement divertit mais invite aussi à la réflexion, marquant ainsi sa place dans la littérature contemporaine.

Le mot de la fin : La place du “Faux du vrai” dans la série du Grogneux

“Le faux du vrai” s’inscrit comme une pièce maîtresse dans la série du Grogneux, marquant une évolution significative tant dans le style d’Iris Rivaldi que dans le développement du personnage emblématique du commissaire Berger. Ce roman représente un tournant dans la série, offrant une profondeur et une complexité qui élèvent l’œuvre au-delà du simple polar.

L’introduction d’éléments fantastiques et alchimiques dans ce volet de la série ouvre de nouvelles perspectives narratives. Rivaldi parvient à intégrer ces aspects de manière organique, sans pour autant trahir l’essence du personnage du Grogneux. Au contraire, cette dimension supplémentaire permet d’explorer de nouvelles facettes de la personnalité de Berger, le confrontant à des défis qui remettent en question ses certitudes et son approche traditionnelle de l’enquête policière.

La dynamique entre Berger, Émilie et Lucie, développée dans ce roman, apporte une richesse relationnelle inédite à la série. Cette triade d’enquêteurs, chacun apportant ses compétences uniques, crée un équilibre fascinant qui promet d’influencer les futurs opus de la série. L’évolution de ces relations interpersonnelles ajoute une dimension émotionnelle qui rend les personnages encore plus attachants et crédibles.

Sur le plan thématique, “Le faux du vrai” élève le niveau de la série en abordant des questions philosophiques profondes sur la nature de la réalité et de la vérité. Cette approche plus intellectuelle, tout en conservant l’accessibilité caractéristique des aventures du Grogneux, montre la maturité grandissante de l’écriture de Rivaldi et sa capacité à faire évoluer son univers littéraire.

L’intégration habile de l’histoire locale et du folklore normand dans l’intrigue ancre davantage la série dans son contexte géographique et culturel. Cette attention aux détails régionaux, déjà présente dans les précédents ouvrages, atteint ici un nouveau niveau de finesse, enrichissant l’univers de la série et renforçant son identité unique.

Du point de vue structurel, la complexité narrative de “Le faux du vrai” marque une progression significative dans la série. La non-linéarité du récit et l’entrelacement des différentes lignes narratives témoignent de l’ambition croissante de Rivaldi en tant qu’auteure, repoussant les limites du genre policier traditionnel.

Ce roman consolide également la place de la série du Grogneux dans le paysage littéraire contemporain. En mêlant habilement polar, fantastique et réflexion philosophique, Rivaldi crée un sous-genre hybride qui distingue sa série des autres œuvres policières. Cette approche unique positionne “Le faux du vrai” et, par extension, l’ensemble de la série, comme une référence dans la littérature de genre française.

En conclusion, “Le faux du vrai” représente un jalon important dans l’évolution de la série du Grogneux. Il démontre la capacité de Rivaldi à renouveler son écriture tout en restant fidèle à l’essence de ses personnages et de son univers. Ce roman ouvre de nouvelles voies narratives et thématiques pour la suite de la série, laissant présager des aventures encore plus riches et captivantes pour le commissaire Berger et son équipe. Il établit un nouveau standard pour les futurs opus, promettant aux lecteurs une expérience de lecture toujours plus profonde et stimulante.


Extrait Première Page du livre


De bonne heure, de bonne humeur

Depuis que le premier clampin de l’État avait officiellement annoncé à la télé que tout le pays était en ordre de marche pour combattre un ennemi invisible, sur le front domestique ma douce Émilie ne chômait pas. Pour parer le manque de masques de protection dont souffrait l’hôpital de Sernon, elle comptait à sa manière participer à l’effort de guerre. C’est pourquoi elle avait redonné du service à la vieille Singer à pédale et manivelle, jusqu’ici remisée au grenier sous sa housse, et ainsi mis à profit les cours de « Coupe et Couture » qu’elle suivait avec assiduité au club féminin de Touy.

En la voyant filer, j’avais la nostalgie des séances de ravaudage que ma mère, et sa mère avant elle, passaient à la veillée. À force de malmener mes habits, j’avais pour ainsi dire monopolisé les soirées de ces dames qui, mues par un indéfectible amour envers le garnement que j’étais, reprisaient sans compter. À son tour, Émilie finissait d’amortir l’antique machine à coudre en confectionnant une collection de masques maison avec triple plis de rigueur. Les tissus fantaisie employés étaient de haute qualité et de belle épaisseur.

Chaque jour de la semaine, médecins, infirmières et consorts auraient donc à disposition une « bavette » filtrante, lavable et réutilisable. Cerises, fraises, pommes, poires et scoubidous ou-ah ou-ah… mais aussi de charmants petits animaux : zozios de toute taille, chiots et chatons et même des étoiles de mer… viendraient orner le nez et la bouche des sauveurs de la nation.

Comme c’est pas tous les jours qu’on affronte une pandémie, Émilie avait aussi consenti certains sacrifices en renonçant au superbe tissu en coton à fleurs Liberty qu’elle réservait au chemisier de ses rêves.

Sans pour autant céder à nos penchants paranoïaques, avec ce virus mutant dans l’air, ma chérie et moi avions préféré goûter à la douceur du foyer bien avant les communiqués alarmistes du gouvernement. Depuis quelque temps, on se gardait donc de s’aventurer au-dehors malgré un printemps précoce tout disposé à nous faire de l’œil.

De plus, sous l’effet du changement de saison, Émilie menait à longueur de journée une redoutable croisade contre un autre ennemi, plus visible mais tout aussi envahissant. J’avais ainsi été très surpris le jour où elle m’avait demandé de couper le courant au compteur. En effet, après avoir passé la rampe de l’escalier et les plinthes de chaque pièce à la brosse à dents, ma fée du logis tenait, sur sa lancée, à déloger au coton-tige la moindre particule de poussière de toutes les prises électriques. Même au régiment, l’adjudant maniaque à qui j’obéissais de mauvaise grâce ne s’était jamais montré si pervers…

À présent, armée de son plumeau, Émilie redoublait de frénésie tout en s’époumonant. Pendant que toute la maison résonnait de la néo-version rock d’Une souris verte, elle époussetait les meubles avec l’incroyable Catch’n’Dust, qu’elle avait déniché sur un site Internet vantant l’objet comme le super bon plan du siècle censé révolutionner le ménage. “


  • Titre : Le faux du vrai
  • Auteur : Iris Rivaldi
  • Éditeur : Éditons L’Écharpe d’Iris
  • Nationalité : France
  • Date de sortie : 2024

Page de la maison d’édition : Éditons L’Écharpe d’Iris

Disponible aux Éditons L’Écharpe d’Iris

 


Publié le mercredi, 13 mars 2024 à 09h17

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Au fond de la mer, la vie est légère de Lucrezia Lerro. Le monde de Piero

 

Par Marie-Cécile Cadars

Piero, que tout le monde surnomme « Repacho » pour des raisons qu’il vous donnera, est malheureux, inadapté. Il ne travaille pas, n’a pas d’ami, il est marié, certes, mais ce n’est pas l’amour fou… il est si malheureux qu’il ne parle qu’à lui-même, il refait le monde dans sa tête, mélange le passé, le présent, fantasme son avenir… Un avenir où il prendrait sa revanche, où il vivrait avec Blondinette, où il aurait un travail, où il serait heureux…

Et puis, à force de parler, parfois à tort et à travers, on découvre un frère aimé, qui aurait pu aider Piero, avec lequel il aurait pu avoir une autre vie, ailleurs. Mais le ravin en a décidé autrement… On découvre un père, militaire, distant, froid, absent. Et surtout, on découvre une mère, déviante, monstrueuse, incestueuse. Le péché originel. Celle qui a tout détruit avant même de construire. Du fond de son esprit simplet, Piero sait que tout est de la faute de cette mère névrosée, mal aimée et mal aimante.

À moins que… Tout cela ne soit pas vraiment vrai ! Je me suis demandé tout au long de cette lecture dense et poétique, crue et innocente, si ce récit était réel, si Piero ne souffrait pas de paranoïa, de délire de persécution. Ce flot de paroles, incoercible, décousu, logorrhéique, ne serait-il pas le symptôme d’une folie douce dont la source serait la relation contre-nature à la mère ? Est-ce un rêve ? Un trouble ?

Ce monologue, litanie interminable de jérémiades, de rancœurs, en style oral, avec des tics de langage, des tournures familières, parfois drôle, souvent amer m’a rappelé celui de Holden Caulfield dans L’Attrape-coeurs de Salinger dans son lyrisme et son cynisme, lancé comme une balle au lecteur pour qu’il construise lui-même son propre sens. Je recommande ce roman hors norme à la traduction et à l’édition impeccables.

 

 

Informations pratiques

  • Lucrezia Lerro, Au fond de la mer, la vie est légère (Titre original: Sul fondo del mare c’è una vita leggera), traduit de l’italien par Murielle Hervé-Morier – Éditions L’Echarpe d’Iris, 17€

 


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Matthieu Boedec - 17 juil. 2024 à 06:00 | mis à jour le 17 juil. 2024 à 08:57 - Temps de lecture : 3 min
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Après Vents divers et L’Arbre à papillons, Marie Saint-Vaast a publié Un oiseau sur l’épaule, aux éditions l’Écharpe d’Iris.
Marie Saint-Vaast va nous en vouloir. Discrète, pudique, d’une humilité déconcertante, l’écrivaine meusienne n’écrit ni pour la gloire ni pour vendre des bouquins. « Je le fais pour moi, pas pour être lue », persuade-t-elle en récitant Christian Bobin : « “Ce n’est pas pour devenir écrivain qu’on écrit. C’est pour rejoindre en silence cet amour qui manque à tout amour”. »


Elle a d’ailleurs attendu de longues années avant « d’oser » expédier un premier manuscrit , Vents divers , à une maison d’édition, que l’institution suisse Lemart a eu le privilège de publier, en 2020.

À l’époque, elle entretenait déjà une correspondance épistolaire avec la romancière Amélie Nothomb, que nous avons donc l’impudence de souligner. « Mais JA-MAIS je n’aurais osé lui dire que j’écrivais », assure-t-elle. C’est finalement son éditrice qui s’en est chargé. En toute discrétion. Comme Marie St-Vaast.

 

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Et le résultat est tombé le 30 avril 2021. « Marie St-Vaast écrit comme elle ouvre les fenêtres : pour que le monde advienne. C’est plus qu’une bouffée d’air frais, c’est la vie qui surgit sous sa plume de magicienne » selon le Prix Renaudot 2021, entre autres, au sujet des deux premiers romans de la Meusienne, Vents divers et L’Arbre à papillons. Marie Saint-Vaast rougit, élude et tait cet éloge, même pour promouvoir son 3e roman, Un oiseau sur l’épaule.

« L’absence est un vertige. J’écris pour fixer le vertige »
Désormais éditée par L’Écharpe d’Iris, une maison normande, elle vient effectivement de publier le fruit de deux années d’écriture, qui a prospéré, comme Vents divers , sur un fait divers insolite : « Un homme placé en cellule avec un oiseau sur l’épaule, à Utrecht, aux Pays-Bas, après avoir commis un vol à l’étalage. »


Elle a ensuite déroulé la pelote d’un récit coloré par une toile du Lorrain Émile Friant, Les oiseaux familiers , « qui aurait comme regardé par-dessus mon épaule ». Dans ce roman, le personnage principal, Marie, revient en Guyane, où l’autrice a aussi vécu, pour retrouver Alex, disparu dans la forêt amazonienne.

« Par un concours de circonstances, elle est remise face à son mari, qui aurait été vu dans un village amérindien. Elle rencontre Andy et son oiseau vert, Kairos, mot grec qui signifie “le bon moment”, une sphère sculptée qui appartenait à Alex. Kairos est le fil rouge du roman, un point de basculement entre un avant et un après. Son périple l’emmène ensuite dans le village amérindien de Awala-Yalimapo, cœur battant de la tribu Kali’na, sur les rives du Maroni où, curieusement, “on l’attendait” », décrit Marie St-Vaast.


Ce n’est pas un thriller mais le suspense imprègne les pages de ce roman où l’absence est bien présente. « L’absence est un vertige et j’écris pour fixer le vertige », conclut-elle avant d’en partager un extrait : « Ainsi, au-delà des questionnements, se rendre compte que le plus dur n’est pas de se poser des questions, le plus dur est d’admettre qu’il n’y a pas de réponse. »

 

Merci au journaliste de L'Est Républicain Matthieu Boedec pour chacun de ses mots. Pour en savoir plus 🐦 retrouvez cet oiseau virevoltant partout en ligne et, sur commande, dans toutes les librairies. MERCI à VOUS 🌞 Passez un bel été.

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